Disons le tout de suite : Il n’existe aucun équivalent français du personnage culte du fumetto nero italien (périodique policier en bande dessinée) : DIABOLIK !
Terroriste inspiré par Fantomas
Né en novembre 1962, le personnage -vétu et cagoulé de noir des pieds à la tête- a été inspiré par Fantomas (32 romans et 5 films) des français Pierre Souvestre et Marcel Alain, crée en 1910 et également très célèbre en France. On ne connaît pas le vrai nom de Diabolik. Il habite dans une multitude de refuges secrets toujours très high-tech. Il est à l’affut de toutes les occasions où beaucoup d’argent, de bijoux ou d’oeuvres d’art sont en jeu. Diabolik fait preuve d’un art unique pour étudier, préparer et réussir avec ingéniosité les coups les plus inimaginables et spectaculaires. Il n’en fait qu’a sa tête et c’est un aventurier fondamentalement attaché à la liberté.
Un succès jamais démenti
La BD italienne Diabolik fête donc cette année ses 63 ans, avec plus de 900 numéros parus ! C’est le personnage de fumetto italien le plus célèbre du pays.
La revue de BD est toujours disponible chaque mois au format de poche (12X17 cm), le plus connu, dans toutes les edicole (kiosques à journaux) du pays. Comme Tintin en France, et dans sa native Belgique, on peut dire que Diabolik plaît aux lecteurs de 7 à 77 ans !
Diabolik est donc énorme en Italie, depuis 1962. Il a été crée cette année là à Milan par deux soeurs de la bourgeoisie milanaise, Angela (née en 1922 et décédée en 1987) et Luciana Giussani (née en 1928, décédée en 2001). Elles ont été autrices des textes jusqu’à leur mort. Angela est la première autrice de Diabolik. Luciana a, elle, gérée la maison d’édition de la célèbre BD : les éditions Astoriana, fondée uniquement pour s’occuper de Diabolik. A la mort d’Angela, Luciana a repris le flambeau jusqu’à sa propre mort.
En novembre sortit donc le premier numéro dans un format de poche typique (toujours le plus populaire de nos jours malgré la multiplication des éditions et formats) : Il Rè del Terrore (le Roi de la terreur), dessiné par Angelo Zarcone. On appela ce dernier le dessinateur mystérieux.
Il a été dessiné ensuite, dès le deuxième numéro, par une innombrable série d’auteur de BD, comme Gino Marchesi au début, puis Sergio Zaniboni, Paolo Ongaro, Alarico Gattia, Lino Jeva, Floriano Bozzi, Franco Paludetti, Giuseppe Palumbo (années 2000 et inventeur du style contemporain de Diabolik), et bien d’autres (Bruno Brindisi, Lino Jeva, Giovanni Romanini, Mario Cubbino, Giorgio Montorio, Luigi Merati, Glauco Coretti, etc). La maison d’édition Astorina a toujours surveillé de près le style graphique des différents dessinateurs de Diabolik.
Le culte de ce héros noir est demeuré très vivace après le décès des deux créatrices. Le club Diabolik est toujours actif à ce jour. De nouveaux films plus modernes ont également été tournés.
Diabolik : souvent imité, jamais égalé…
Le monde noir de Diabolik
Le monde de Diabolik est à la fois simple, très riche et un peu effrayant : lui est un voleur élégant, diablement rusé, toujours déguisé et revêtu de masques difficiles à percer. Il n’hésitait pas non plus au début de ses aventures à tuer pour parvenir à ses fins. Il s’est plutôt très adouci de nos jours, avec une légère évolution « Robin des bois » et on peut noter qu’il dérobe uniquement des propriétaires de biens immensément riches. Ce « génie du mal » est constamment secondé par son aimée, la très belle et élégante Eva Kant. Eva apparaît dès le n° 3 de la BD mensuelle.
Toutes les aventures de nos deux « génies du mal » se déroulent dans un monde imaginaire en Europe (un mélange de France, de Suisse, des USA pour les tenues et véhicules de la police…?). Au centre les villes de Clerville, Ghenf, et autres lieux à consonance mystérieuse. Diabolik dispose d’une multitude de refuges secrets où il se cache et mijote ses coups avec Eva. Très souvent au volant de sa mythique Jaguar Type E noire bourrée de gadgets.
Ginko, Altea et Clerville
Diabolik est inlassablement pourchassé par l’incorruptible inspecteur Ginko. C’est évidemment son ennemi juré et il n’abandonne jamais la chasse à Diabolik…
Notons que Ginko a longtemps conduit, lui, une DS 19 !
La compagne de Ginko, Altea di Vallenberg, est également un personnage récurent. L’inspecteur, bien sûr, ne réussit jamais à empêcher les coups tordus du héros même en étant le meilleur connaisseur de Diabolik. Celui-ci s’empare des plus gros butins possibles : diamants, trésors, convois de fonds, etc. Quand le très tenace Ginko réussi -rarement- à capturer Diabolik ou Eva Kant, ceux-ci réussissent toujours à se libérer après des moments de suspense.
Anti James Bond bourré de gadget…
Diabolik utilise aussi depuis le débuts de ses aventures (sous influence James Bond ?) des centaines d’outils technologiques pour arriver à ses fins. Beaucoup de ces innovations existent de nos jours…Masques en latex pour prendre différents aspects à la demande, montres radio-communiquantes, poignards assassins, poisons divers, gaz, sérum de vérité, micros espions miniatures, bâton électrique précurseur du Taser, lasers, mitraillettes dans les pare-chocs, fibre optique, réacteurs dorsaux etc. La liste est vraiment très longue. On peut noter cependant que les scénaristes et les dessinateurs ont fait évoluer par touche les personnages. Aussi bien Diabolik, qu’Eva, Ginko ou Altea ont subtilement changé de morphologie au fil du temps. Comme ont changé les automobiles, les téléphones, et la vie qui les entourent.
Diabolik colle donc parfaitement à son temps…
Un style très « pop art »
Dès le début de la parution des Diabolik, la ligne du dessin est épurée, simple, en noir et blanc. Depuis, la couleur a fait son apparition. Beaucoup de hors série (Il Grande Diabolik par exemple) sont aujourd’hui en couleur. La trame du dessin était au départ faite de centaines de petits points en noir et blanc, qui assurent le contraste visuel des planches de BD.
Bref, c’est aussi une somme d’art, accumulée sur plus de 60 ans. Dès les débuts elle fait fortement penser à l’oeuvre de son contemporain des années 60, le maître du pop-art Roy Lichtenstein. Lui même s’était inspiré des Comics américains : la boucle est bouclée…Aujourd’hui, le dessin s’est encore simplifié et épuré : on ne retrouve plus les trames en noir et blanc qui faisaient le charme des Diabolik des années 60 et 70. La fin d’un monde.
De nombreuses adaptations
Le culte de Diabolik est énorme en Italie : adapté au cinéma en 1968 – avec entre autres Michel Piccoli dans le rôle de Ginko ! – il a également fait l’objet de romans (également publiés en français). De plus, une série TV a vu le jour en 2000.
Un grand nombre d’objets ont été lancé à l’effigie de Diabolik et d’Eva Kant : goodies, figurines, K7 vidéo puis DVD, jeux vidéo, cartes à jouer, pins, badges, stylos, briquets, posters, draps, ligne de vêtements, timbre poste et même une Fiat 500 personnalisée !
Le fan club de Diabolik est très important : le Club Diabolik (voir sa page Facebook). Il peut aussi miser sur un site web officiel archi complet.
Les numéros de la BD sont constamment réédités en Italie, d’où une présence constante chaque semaine depuis 50 ans !
Très proche de nous, plusieurs films ont repris ce personnage culte. Les frères Manetti (The Manetti Brother en Italie) ont filmé une trilogie : Diabolik (2021), Diabolik – Ginko all’attacco ! (2022) et Diabolik – Chi sei ? (2023).
Diabolik en BD a également été diffusé en France de 1966 à 1980 en format de poche (qui s’en souvient ?) et est toujours publié (Le Grand Diabolik) en français par les Editions Clair de Lune.
Crédit illustration : Astorina, couverture du Diabolik no 1.