Giorgia Meloni

Les 1000 jours de Giorgia Meloni

Elle vient de dépasser le record du nombre de jours en exercice d’un Premier Ministre italien (Presidente del Consiglio ou Premier en italien) : 1000 jours le 21 juillet dernier. Contre en moyenne 400 jours de durée pour les gouvernements italiens depuis 1945.

Depuis octobre 2022 Giorgia Meloni est aussi la première femme a la tête d’un gouvernement italien,

Qui est Giorgia Meloni ?

Elle est née le 15 janvier 1977 à Rome, où elle a toujours vécu.

Sa vie, et celle de sa soeur Arianna plus âgée de deux ans, est marquée par le divorce de ses parents à 1 an. Son père émigrera l’année suivante aux Canaries (communauté autonome espagnole). Celui-ci, communiste, passera du statut d’expert-comptable a repris de justice en Espagne où il sera accusé de trafic de drogue. Elle ne voudra plus rencontrer son père jusqu’à sa mort et vivra avec sa mère, Anna Paratore, qui deviendra notamment écrivaine de romans (plus d’une centaine) et créatrice de bougies…

A l’âge de 15 ans Giorgia Meloni s’engage en politique sous les couleurs du Mouvement Socialiste Italien (Movimento Socialista Italiano ou MSI), parti d’extrême droite héritier du fascisme de Benito Mussolini. Son ascension sera continue : En 1995, à 18 ans, elle devient responsable nationale de l’action étudiante de l’Alliance Nationale (Alleanza Nazionale ou AN) de Gianfranco Fini. Tout en poursuivant des études de journalisme, elle est ensuite à 21 ans élue conseillère de la province de Rome.

C’est dans cette région du Latium qu’elle est élu ensuite députée en 2006. Cette même année, Giorgia Meloni est nommée vice-présidente de la Chambre des députés. Réelue députée en avril 2008 elle fait son entrée au gouvernement de Silvio Berlusconi en tant que ministre de la Jeunesse. Elle demeurera dans le gouvernement Berlusconi jusqu’à sa chute en novembre 2011.

Son engagement politique

C’est en décembre 2012 qu’elle lance un nouveau partie de centre droit : Frères d’Italie Alliance Nationale (Fratelli d’Italia Alleanza Nazionale), parti post-fasciste dont elle sera élu présidente en 2014. Le parti devient Fratelli d’Italia en 2017. C’est aussi le nom de l’hymne italien.

Avec des prises de position très marquée à droite Meloni passera par la suite de 4% des voix au élections générales de 2018 à la victoire aux élections législatives le 25 septembre 2022 avec plus de 44% des suffrages. Un score qui lui assurera une une majorité forte, tant à la Chambre des députés qu’au Sénat.

Elle gouverne donc depuis au sein d’une coalition entre Fratelli d’Italia, Forza Italia (les héritiers de Berlusconi) et La Lega.

Côté vie privée, elle a une fille, Ginevra née en 2016, avec son compagnon Andrea Giambruno dont elle s’est séparée depuis.

Depuis la réélection de Donald Trump en 2024, Meloni s’est positionnée comme l’intermédiaire privilégiée la nouvelle administration américaine et l’Union européenne. Elle a été la seule dirigeante de cette dernière a être invité à l’investiture de Trump. Il ne tarit pas d’éloge sur elle et il la décrit comme une « femme fantastique ».

Pourquoi cette longévité ?

Face à une gauche très morcelée et accusée de laxisme en termes d’immigration et au délitement des valeurs traditionnelles italiennes, Giorgia Meloni et Fratelli d’Italia ont été très simples et clairs dans leur programme.

Celui-ci est clairement affiché comme portant des valeurs de droite conservatrice. Il repose sur la défense de la nation et de l’identité italienne, la lutte contre l’immigration et le renforcement des règles relatives aux manifestations et aux occupations. Meloni met constamment en avant sa volonté de redonner à l’Italie un rôle important, tant dans l’Union Européenne qu’au niveau international en général.

Ainsi le gouvernement Meloni a mis fin a une instabilité chronique des gouvernement italiens, marqués par des coalitions et rupture de coalitions permanentes. Pas moins de cinq gouvernement se sont succédé de 2015 à 2022.

Giorgia Meloni a l’avantage pour les italiens de parler clair et de les rassurer.

Quelles mesures concrètes ?

Une loi anti-immigration a vu le jour et a été approuvé par le Parlement italien le 20 mai dernier. Elle durcit les conditions de l’acquisition de la nationalité italienne, notamment pour ceux qui sont né à l’étranger. En effet, selon le droit italien (basé sur le droit du sang) une personne né à l’étranger et dont l’un des parents est italien acquiert automatiquement la nationalité italienne à la naissance. Avec cette nouvelle loi, la nationalité italienne ne sera valable que pour deux générations.

De même, les jeunes étrangers et les apatrides avec des parents nés en Italie ne pourront devenir italien qu’à la condition que leur parent ou tuteur légal déclarent vouloir acquérir la nationalité. Le mineur est ensuite tenu, après cette déclaration, de résider légalement et de manière continue en Italie pendant au moins deux ans.

La mesure la plus controversée du gouvernement Meloni – et de Matteo Salvini le Ministre de l’Intérieur connu pour ses positions d’extrême droite au sein du parti La Lega– est l’expulsion vers l’Albanie des personnes immigrées en situation irrégulière Pourquoi l’Albanie ? Car le gouvernement a signé un accord avec ce pays pour que ces migrants (migranti comme on le dit en Italie) soit expulsés contre rétribution – on parle d’un budget total de 653 millions d’euro en 5 ans- vers le centre albanais de Gjadër. A l’automne 2024 les premières personnes ont été expulsés mais le Tribunal de Rome a jugé l’opération illégale et 12 personnes sont retourné d’Albanie en Italie.

En avril dernier, 5 migrants égyptiens ont été à leur tour expulsé de Gjadër vers l’Egypte.

Et en matière d’économie ?

L’une des mesures les plus populaires de Giorgia Meloni et de son gouvernement a été l’abolition au 31 décembre 2023 du revenu de citoyenneté (il reddito di citadinanza) établi en 2019 par le gouvernement de Giuseppe Conte. C’était un revenu miminum garanti (une sorte de RSA italien).

Autre mesure symbolique qui a coûté énormément d’argent au budget italien, tout en étant porteur d’une forte corruption : l’abrogation du SuperBonus. Il s’agissait d’un mécanisme pour, théoriquement, rénover les habitations quasiment gratuitement au frais de l’état.

Giorgia Meloni a su également trouver de nouvelles sources d’approvisionnement en énergie (notamment avec l’Algérie et l’Azerbaïdjan) et donc réduire la grande dépendance énergétique du pays. De plus, un accord avec l’Albanie et les Emirats Arabes Unis a pour but de développer un projet (on parle d’1 milliard d’Euro) pour produire et transporter via une liaison sous-marine de l’énergie renouvelable de l’Albanie vers l’Italie. Enfin, le nucléaire n’est plus tabou et la création d’une entreprise nucléaire nationale est prévue pour 2025.

Le budget 2025 est également marqué par une baisse générale des impôts pour soutenir à la fois le pouvoir d’achat et les entreprises.

Mais, contrairement à ce que maintiennent les sources d’extrême droite en France, il n’y a pas eu de révolution économique du gouvernement Meloni.

Cependant il est vrai que les principaux indicateurs économiques se sont notablement améliorés depuis 2022 : par exemple un chômage en baisse (de 7,8% de la population active à 6% aujourd’hui).

L’un des problèmes est que la croissance reste -comme dans la zone euro en général- amorphe : moins d’1% prévu en 2025. Le pouvoir d’achat est la préoccupation majeure des italiens et l’inflation de fin 2021 a 2024 été très destructrice (8,70% en 2022 et 5,90% en 2023).

Cette dernière, grâce à l’augmentation des recettes fiscale, a par contre notablement aidé le déficit budgétaire à fortement diminuer, passant de 8,6% du PIB à 3.4% aujourd’hui (contre 5,8% en France).

Le projet de pont reliant la Sicile au continent -vieux serpent de mer dont Silvio Berlusconi était déjà un ardent défenseur- reste la mesure économique la moins populaire au yeux des italiens.

Une réunion stratégique consacrée à la filière vitivinicole italienne s’est tenue aujourd’hui dans la Sala Verde du Palazzo Chigi, en présence du ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et des Forêts, Francesco Lollobrigida. Selon des sources du palais Chigi, la présidente du Conseil, Giorgia Meloni, a tenu à participer personnellement « afin de témoigner du soutien du gouvernement à un secteur considéré comme fondamental pour l’économie nationale et la promotion de l’identité italienne dans le monde ». Concernant la question des droits de douane et des négociations entre l’UE et les États-Unis, la Première ministre a rappelé « l’engagement constant du gouvernement à défendre les produits italiens ». « J’ai toujours été convaincue que nous devions faire de notre mieux pour parvenir à un accord-cadre, à un cadre dans lequel nous pourrions jouer certaines cartes dans certains secteurs, sur certaines filières, en expliquant à nos amis et alliés américains qu’il existe une série de produits qui peuvent difficilement être remplacés par des productions nationales. Cela vaut beaucoup pour certains produits italiens, y compris le vin ».

Les forces politiques en présence

Après plusieurs années d’alternance entre gouvernements de droite et de gauche l’Italie a donc actuellement trouvé une stabilité et un point d’équilibre.

La situation est marquée par un morcellement de l’opposition. La gauche est divisée entre le Parti Démocratique (leader actuelle : Elly Schlein) et diverses entités minoritaires.

Quand au Movimento 5 Stelle (leader actuel : Giuseppe Conte), théoriquement ni de droite ni de gauche, il peine à retrouver la popularité qui était la sienne il y a 10 ans.

Quel futur pour ce gouvernement ?

On sent actuellement des signes de lassitude des italiens vis-à-vis du premier ministre et du gouvernement : en juillet 2025, 34% ont une opinion favorable alors qu’ils étaient 37% en juin. C’est surtout Matteo Salvini, ministre de l’intérieur et vice-Premier ministre, qui est le plus impopulaire.

Cependant, en juillet 2025 le parti Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni continue de mener les sondages avec près de 30 % des voix, devant le Parti Democrate (Partito Democratico) de centre-gauche (22 %) et le Mouvement 5 étoiles (Movimento 5 stelle) à 12 %.